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Avec la Covid-19, la psychanalyse s’adapte…

Pendant le confinement, de nombreux psychanalystes se sont résolus à poursuivre et même à commencer des cures, par téléphone ou en visio, allant quelque peu, à l’encontre d’une pratique vieille de plus de cent ans.

Malgré l’attachement à la tradition psychanalytique, professionnels et patients ont découvert les vertus des séances à distance.

Jean, la cinquantaine, jouit d’une grande notoriété et d’un carnet d’adresse professionnel, assez exceptionnel dans le monde entier. Il donne l’impression de quelqu’un de fort physiquement, de bien encaisser les chocs, de bien supporter la pression, …Cependant, il fait des rêves/cauchemars récurrents et a quelques difficultés à gérer ses relations avec la hiérarchie et à modérer ses réactions. Il a fait dix années d’analyse, il s’est arrêté, et a recommencé un peu avant le 1er confinement. A partir de mars 2020, il est passé sur des séances hebdomadaires par téléphone. Sa 1ère réaction a été de penser ceci :

« Des séances par téléphone ! Ma psy, si stricte sur le cadre et le respect des règles psychanalytiques ! Un instant, je me suis senti en colère, « elle a peur de moi, je représente une menace potentielle, je suis celui qui pourrait apporter le virus dans son cabinet, mais pas plus qu’un autre en fait ! ». Ensuite, j’ai ressenti une sorte de déception : « Elle a peur pour elle, comme n’importe qui, alors que je l’ai placée sur un piédestal ! »

Puis j’ai réfléchi et finalement, ça m’a rassuré qu’elle soit capable de s’adapter, qu’elle ne me lâche pas, qu’elle ne me dise pas : “Au revoir et merci, revenez quand tout ça sera terminé…” »

Garantir le cadre psychanalytique, c’est garantir le déploiement de la parole par un lien transférentiel. Cependant, ce lien est avant tout un lien de parole et n’est pas fait que de mots. Il est aussi l’effet de la présence physique du praticien et de son patient dans un lieu précis permettant le transfert.

Le présentiel engage la parole mais aussi les attitudes, le comportement, le regard qui parfois, trahissent l’affect. Le paiement en espèces, la matérialité de l’argent posé sur le bureau au début de chaque séance symbolise, également, le cadre d’une cure.

Une question se pose alors : jusqu’où le réaménagement du cadre garantit-il et préserve-t-il les effets d’une cure de parole et de ses effets thérapeutiques ?

Donner une réponse uniforme est impossible, et cela n’empêche pas pour autant, l’analyste d’établir un nouveau cadre différent, adapté à la nécessité du moment mais surtout de permettre aux patients les plus fragiles et vulnérables de faire face aux effets négatifs d’un arrêt de cure éventuel, l’essentiel étant de ne laisser personne en souffrance au bord de la route.

Sans être devin, un analyste peut tout à fait deviner le risque latent d’un arrêt intempestif de cure et il est alors, à même, de mettre son éthique au service de ses patients, notamment lorsque le bateau tangue.

Le psychanalyste doit, en tenant compte du désir propre de chacun de ses analysants, s’adapter, adapter ses prises en charge, se remettre en question, se moderniser, afin de permettre à chacun d’être, écouté et entendu. Être capacitaire à s’adapter et adapter sa pratique permet de survivre (analystes et analysants) et de maintenir de bateau à flot.

Considérons alors cette maxime : « Le bateau peut bien tanguer, l’important est qu’il ne coule pas ! »

 

 

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